Les élèves à besoins spécifiques sont de plus en plus pris en compte dans l’enseignement et il est désormais légalement obligatoire de respecter les aménagements raisonnables propres à chaque élève. Malheureusement, les diagnostics sont encore rares, souvent réservés à des enfants issus de milieux sociaux plus favorisés et la présence de logopèdes dans les écoles est encore loin d’être une norme.
De tous les troubles existant, les cours de langues anciennes sont avant tout concernés par deux d’entre eux : la dyslexie et les troubles de l’attention (souvent associés à de l’hyperactivité).
J’ai la chance d’avoir dans les écoles dans lesquelles je travaille deux logopèdes à temps plein. Il serait long et peu pertinent ici de transmettre tous les suivis qu’elles apportent au quotidien, mais il existe certaines considérations générales qui pourront être utiles à qui souhaite limiter les inégalités liées à ces handicaps invisibles sans entrer dans des tentatives de diagnostic.
La mise en page idéale pour la plupart des élèves dyslexiques peut être appliquée à tous :
- Police : Arial
- Taille : 12
- Interligne : 1,5
- Éviter de justifier le texte
- Mettre les éléments importants en gras plutôt qu’en italique
Il existe même une police spécifique assez élégante qui a l’avantage de posséder aussi des caractères grecs très lisibles : EasyReading que vous pouvez acquérir gratuitement via le site de ses concepteurs.
Pour un élève ayant des troubles de l’attention, la difficulté principale est de rester concentré sur une tâche alors que son cerveau analyse le moindre stimulus extérieur avec la même intensité que l’activité qu’il est en train de réaliser.
Deux choses peuvent être mises en place assez facilement sans perturber le fonctionnement de la classe :
- les relances attentionnelles : il peut s’agir d’un regard, d’un petit rappel au travail oral ou par un geste, mais qui permettra à l’enfant de se détourner des éléments parasites sur lesquels est en train de se porter son attention
- la visualisation du temps restant : des outils comme le Time Timer qu’on retrouve aussi en version informatique permet d’appréhender concrètement le temps restant, ce qui est souvent une difficulté majeure pour ces enfants
Les aménagements raisonnables concernent souvent l’évaluation, c’est ceux que l’on retrouve lors de la passation des épreuves externes certificatives comme le CE1D : tiers temps supplémentaire, mise en page adaptée…
Je ne vais pas les reprendre ici, mais une remarque des logopèdes de mes écoles me semble intéressante à partager : il faut varier les canaux d’évaluation. Lorsqu’on évalue sur un point de matière, veut-on évaluer les capacités à l’écrit ou la maîtrise de la matière ?
Dans le deuxième cas, le plus fréquent a priori, l’évaluation peut donc aussi passer par l’oral. Depuis que je pratique ce basculement écrit/oral régulièrement, certains élèves se révèlent véritablement en classe.
Le deuxième aspect positif pour l’ensemble de la classe est de séquencer ses consignes autant que possible pour éviter le multi-tâche. À nouveau, le fond prime sur la forme, ce n’est pas tant la compréhension des consignes que la capacité de résolution que l’on souhaite évaluer, autant les rendre donc les plus accessibles possibles.